Ménopause et ménopause précoce : retour sur notre webinaire
Chaque année, en France, entre 500 000 et 600 000 femmes sont nouvellement ménopausées. Pour 1% à 2% d’entre elles, la ménopause survient avant leurs 40 ans. On parle alors de ménopause précoce, ou insuffisance ovarienne prématurée.
Durant ce webinaire, deux médecins spécialistes, Docteur Marine de Ciantis et Docteur Véronique Laveix-Echallier ont répondu aux questions de Pauline d’Orgeval, Présidente et co-fondatrice de deuxiemeavis.fr.
Le Docteur Marine de Ciantis est gynécologue médicale et titulaire d’un DESC de médecine de la reproduction et d’un dIU (Diplôme Inter-Universitaire) ménopause et insuffisance ovarienne.
Le Docteur Véronique Laveix-Echallier est gynécologue obstétricienne, praticienne hospitalière dans le service de Gynécologie au CHU Lyon Sud, et titulaire d’un dIU de Ménopause, Sénologie, d’échographie générale et de médecine fœtale.
La ménopause précoce
▶ 05:23 – Qu’est-ce que la ménopause précoce et comment la diagnostiquer ?
Dr Marine de Ciantis : “Ce qu'on appelle une insuffisance ovarienne précoce ou prématurée, ce serait un arrêt des règles, ce qu'on appelle une aménorrhée en terme médical, qui serait soit d'ordre primaire, ça veut dire qu'on n'a jamais ses règles, on ne les obtient pas à l'âge où on devrait les avoir à la puberté, ou alors une absence de règles de manière secondaire, ce qu'on appelle une aménorrhée secondaire. Ça apparaît avant l'âge de 40 ans.
Si on faisait une prise de sang, on se rendrait compte qu'au niveau des hormones, on a notamment la FSH
qui serait augmentée à plus de 25 et l'œstradiol qui serait assez bas. On dit généralement qu'on retrouve ces insuffisances ovariennes à peu près à 1
à 2 % de la population féminine avant l'âge de 40 ans. Généralement, après l'âge de 40 ans, on ne parle plus d'insuffisance ovarienne prématurée.”
▶ 06:19 - Quels sont les symptômes d'une insuffisance ovarienne précoce ?
Dr Marine de Ciantis : “Ça sera un petit peu une redite aussi avec les symptômes de la ménopause, parce qu’on va être à peu près de la même manière. On peut voir une absence de règles.
Vont intervenir les sueurs nocturnes qui peuvent être extrêmement invalidantes, ce qu'on appelle également bouffées de chaleur, qui peuvent énormément gêner la nuit et provoquer des insomnies, des difficultés à dormir, mais aussi tout simplement des insomnies, des troubles de l'humeur, des diminutions éventuellement du désir sexuel, associées également à une sécheresse vaginale qui vont rendre des rapports douloureux, à la fois en lien avec d'une part une diminution du désir, mais également des douleurs liées à la sécheresse.
On peut retrouver également au niveau osseux une diminution notamment avec le calcium, ce qu'on appelle de l'ostéoporose, de la densité osseuse, qui peut provoquer à long terme une augmentation du risque fracturaire.
Et enfin, on va avoir au niveau cardio-vasculaire, une augmentation à long terme des risques cardio-vasculaires, d'infarctus, d'hypertension en lien avec cette chute importante hormonale.”
▶ 07:31 - Quels traitement pour une insuffisance ovarienne précoce ?
Dr Marine de Ciantis : “À la différence de la ménopause où on va plutôt proposer des traitements lorsqu'il va y avoir des symptômes invalidants, là on va plutôt être dans des traitements qui vont être recommandés de manière assez systématique puisque ce n'est pas physiologique pour notamment la santé de la femme d'avoir une insuffisance ovarienne trop précoce du fait de ce que je vous ai parlé avant, notamment l'ostéoporose, les risques cardio-vasculaires qui vont arriver trop tôt dans l'âge de la femme.
On va pouvoir proposer soit des pilules contraceptives qui vont avoir un apport à la fois d'œstrogènes et de progestérone.
Soit on va choisir un traitement qui ne sera pas contraceptif avec des patchs, des comprimés, c'est possible également, des crèmes associant toujours œstrogènes et progestérone. Et on pourra choisir en fonction de ce que la patiente préfère, avoir soit un schéma avec règles, soit un schéma sans règles. Les deux sont tout à fait possibles.”
▶ 08:57 - Quelles sont les causes d'une insuffisance ovarienne précoce ?
Dr Marine de Ciantis : “Malheureusement, la plupart du temps, on ne retrouve pas de cause, et donc, ça reste inconnu.
Ensuite, il y a des causes génétiques. Les deux plus fréquentes vont être une recherche, je ne vais pas trop pousser là-dedans parce que c'est assez particulier, mais on va avoir deux syndromes qu'on peut rechercher, notamment le plus fréquent, ça peut être une mutation sur le chromosome X, qu'on va être amené à rechercher avec des cas souvent de ménopause prématurée dans la famille.”
▶ 10:01 - Quelle prévention pour l'insuffisance ovarienne précoce ?
Dr Marine de Ciantis : “On ne va pas stigmatiser parce que parfois, même si on fait attention à tout, on va quand même avoir cette insuffisance ovarienne prématurée.
En revanche, le tabac va vraiment avoir un impact négatif sur la réserve ovarienne et peut engendrer en tout cas une baisse de réserve ovarienne prématurée.
Et puis, les perturbateurs endocriniens. Ce sont des substances chimiques qu'on va retrouver dans l'air, dans les produits, qui vont interférer avec notre système hormonal et les organismes vivants en entraînant des effets néfastes sur la santé humaine et sur l'environnement.
Pour prévenir ces perturbateurs endocriniens, on peut par exemple, essayer de manger assez sainement, en mangeant un petit peu plus bio, en faisant attention aux produits hygiéniques que l’on se met sur la peau, sur le corps…”
▶ 15:13 - Peut-on détecter une IOP avec un bilan d'hormones anti-mullërienne ?
Dr Marine de Ciantis : “Il faut bien différencier deux choses.
Lorsqu'on parle d'insuffisance ovarienne prématurée, c'est vraiment une absence de règles depuis plus de six mois avec un bilan hormonal, notamment cette FSH très augmentée.
Ça, c'est vraiment l'insuffisance ovarienne prématurée qu'on différencie de la baisse de réserves ovariennes, qui n'est pas encore du tout une ménopause précoce, mais qui est effectivement une baisse anormale de la réserve, notamment avec une baisse de l'hormone antimüllérienne, qui est un reflet de son stock en ovules dans les ovaires. Et donc, si cette AMH est abaissée, il faut faire très attention, cette AMH n'est pas prédictive des chances de grossesse. Ce qui est le plus important dans les chances prédictives de grossesse, c'est vraiment l'âge. Et plus on est jeune, forcément, plus on a des chances de grossesse. On sait qu'à partir de 37, 38 ans, il y a vraiment une chute dans les éventuelles chances de grossesse. Mais ce n'est pas l'AMH qui sera prédictive de l'insuffisance ovarienne du tout.”
▶ 16:21 - Peut-on anticiper une IOP ?
Dr Marine de Ciantis : “Ce qui peut nous faire anticiper c’est s »il y a des traitements : la grosse chirurgie des ovaires, le traitement de chimiothérapie, là il faut prévenir en faisant éventuellement une préservation ovocytaire.
Si dans la famille il y a des cas d’IOP, il sera important, d’une part, d’aller rechercher au niveau génétique si on trouve des choses, et d’autre part, de faire cette préservation ovocytaire qui peut être une réassurance.”
▶ 18:17 - Y-a-t-il un risque augmenté de cancer du sein ou de cancer gynécologique pour les femmes atteintes d'IOP ?
Dr Marine de Ciantis : “Non, pas plus de cancer du sein. Il faut se dire que le traitement hormonal avant l’âge physiologique de la ménopause, ne va pas augmenter le cancer du sein, puisqu’on apporte des hormones qui devraient naturellement être présentes.”
La ménopause
▶ 22:18 – Qu’est-ce que la ménopause et comment la diagnostiquer ?
Dr Véronique Laveix-Echallier : “La ménopause, c'est une définition clinique qui arrive après 40 ans. Elle survient entre 50-51 ans, en moyenne en France. C'est un âge qui n'a pas changé contrairement à l'âge des premières règles où ça avance, c’est-à-dire qu'il y a des dizaines d'années, c'était plus vers 13-14 ans et là, les filles sont souvent réglées vers 10-11 ans. L'âge de la ménopause ne change pas, c'est toujours vers 51 ans.
Elle est due à l'épuisement des follicules primordiaux des ovaires, et les signes du syndrome climatérique sont liés justement à cette carence en œstrogènes. Donc c'est pour ça que dans les cas difficiles, on peut proposer un traitement hormonal avec des œstrogènes pour justement pallier à ce manque d'œstrogènes et à cette souffrance que ressentent les patientes.
Les arguments en faveur du diagnostic sont uniquement cliniques. L'âge de la patiente qui est à peu près 50 ans. La présence d'un syndrome climatérique qui est très très fréquent, bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, qui atteint plus de 80 % des patientes. Des patientes qui n'ont aucune bouffée de chaleur, c'est rare, mais ça existe quand même. Et l'aménorrhée, c'est-à-dire que la date des dernières règles, doit dépasser 12 mois. C'est l'OMS qui l'a mis en place en 1996 et qui reste toujours d'actualité. Donc à partir du moment où la patiente n'a plus de règles, il faut attendre plus de 12 mois pour qu'on puisse dire qu'elle soit ménopausée.”
▶ 24:02 - Quels sont les symptômes en relation avec la ménopause ?
Dr Véronique Laveix-Echallier : “Il y a des symptômes physiques et des symptômes mentaux.
Les symptômes physiques :
- Bouffées de chaleur
- Sueurs nocturnes
- Sécheresse vulvo-vaginale
- Prise de poids
- Céphalées
- Étourdissements, vertiges
- Constipation
- Arthralgies, myalgies
- Prurit
Les symptômes mentaux :
- Troubles du sommeil
- Insomnies
- Asthénie
- Perte d’attention
- Manque de motivation
- Irritabilité
- Dépression nerveuse
- Perte de mémoire
▶ 26:04 - Ménopause : qualité de vie & complications
Dr Véronique Laveix-Echallier : “La ménopause modifie la qualité de vie. Ça complique un peu la vie, entre autres, surtout quand il y a des troubles du sommeil, mais aussi quand il y a des bouffées de chaleur, parce que ça vous réveille aussi la nuit.
Quand on a une vie professionnelle, tout d'un coup, avoir une grosse bouffée de chaleur, alors qu'on est en réunion, c'est compliqué. Donc c'est vrai que les patientes sont en demande de traitement et de prise en charge, surtout pour avoir une qualité de vie meilleure.”
▶ 29:25 - Traitements hormonaux et non-hormonaux de la ménopause
Dr Véronique Laveix-Echallier : “Le traitement hormonal, on est quand même amenés à le prescrire dans la mesure où c'est vraiment ce qu'il y a de plus efficace chez nos patientes qui sont vraiment très gênées par leur bouffée de chaleur, très fatiguées par ce trouble du sommeil avec des sueurs nocturnes.
Il y a des traitements non hormonaux avec des effets significatifs. Il y a différents types de traitements, mais il n'y a que le yoga et l'hypnose qui ont été reconnus comme effets significatifs dans le traitement du syndrome climatérique.
Dans tout traitement, il faut peser la balance bénéfice-risque.”
▶ 32:51 - L'importance des exercices physiques dans la ménopause
Dr Véronique Laveix-Echallier : “L'exercice physique est vraiment important, parce qu’on a tous des professions, on est quand même beaucoup assis et c'est une cause d'augmentation de la morbidité, de la mortalité, toutes causes confondues et, c'est pour ça qu'il faut compléter et faire de l'activité physique. L'exercice diminue la sédentarité.
C'est vrai que c’est toujours difficile d'inclure cet exercice physique, mais ça fait vraiment du bien et à la tête et au corps, ça diminue la mortalité, tous les risques cardio-vasculaires.
Et pour l'ostéoporose, pareil, activité physique associée à exercices en charge et renforcement musculaire pour diminuer le risque de fracture.
Lutter contre la sédentarité, augmenter l'exercice physique, renforcement musculaire, ils disent au moins trois fois par semaine, c'est souvent un petit peu difficile à caser trois fois par semaine, mais si on arrive à faire déjà deux heures d'exercice physique dans la semaine, ça serait quand même très bien. Pensez à l'endurance, l'aérobic. Pour le cardio-vasculaire, c'est parfait.”
Retrouvez l’intégralité du webinaire en vidéo ici :
Publication le 17/04/2024 par Hortense Fisset
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