Comprendre le sommeil et identifier les troubles pour agir efficacement

Saviez-vous que nous passons environ un tiers de notre vie à dormir ? Pourtant, près de 13 millions de Français souffrent de troubles du sommeil chroniques. À travers un webinaire organisé par deuxiemeavis.fr, le Docteur Olympe Véron et Docteur Lionel Gilbert ont répondu aux questions de Pauline D’Orgeval, Présidente et co-fondatrice de deuxiemeavis.fr.

Le Docteur Olympe Véron est médecin généraliste et experte en pathologies du sommeil. Elle exerce au centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel Dieu depuis 2007 où elle a été en particulier chef de clinique. Elle exerce également en libéral dans un cabinet médical à Paris 6.

Le Docteur Lionel Gilbert est psychiatre, addictologue et docteur en neurosciences. Il est aussi ingénieur des Ponts et Chaussées. Il est Praticien Hospitalier et exerce également à l’Hôtel-Dieu au centre du sommeil et de la vigilance mais aussi en libéral à Paris dans le 15ème. Il est aussi Chef de réserve au sein du laboratoire de neuropsychologie du Stress de l’Institut de Recherche Biomédicale de l’Armée (IRBA).

▶ 2 :26 Comment s’organise le sommeil et quels sont ses mécanismes ?

Le sommeil s’organise en cycles successifs, chacun durant environ 90 minutes. Au cours d’une nuit, nous alternons entre 4 à 6 cycles. Chaque cycle débute par une phase de sommeil léger, se poursuit par un sommeil lent profond, particulièrement réparateur et se termine par une phase de sommeil paradoxal, durant laquelle se produisent la majorité des rêves.

Le corps suit également des rythmes circadiens sur 24 heures, synchronisés par la lumière et la température corporelle. La sécrétion de mélatonine, "l’hormone du sommeil", augmente le soir à la tombée de la nuit pour atteindre son pic entre 3h et 5h du matin. De même, notre température corporelle baisse le soir pour favoriser l’endormissement et remonte au matin pour nous réveiller. Ces deux mécanismes, associés à la fatigue accumulée, orchestrent notre besoin naturel de dormir.

▶ 6 :34 Quel type de dormeur êtes-vous ?

Chaque individu possède son propre type de dormeur, déterminé par deux grandes caractéristiques. La première est la durée de sommeil nécessaire pour être en forme : certains sont petits dormeurs (5 à 6 heures), d'autres moyens (7 à 8 heures), ou gros dormeurs (9 heures et plus). Il est important de respecter son besoin naturel, car il n’est pas possible "d’apprendre" à dormir moins que ce dont notre corps a besoin.

La seconde caractéristique concerne le rythme de coucher et de lever : certains sont des couche-tôt/lève-tôt, d’autres plutôt des couche-tard/lève-tard. Ce rythme peut être influencé par l’environnement (ville, campagne) et évolue avec l’âge, les adolescents ayant souvent tendance à se coucher tard, tandis que les personnes plus âgées deviennent plus matinales.

▶ 9 :05 À quoi ça sert de dormir ?

Le sommeil est essentiel à notre santé globale. Le sommeil lent profond joue un rôle dans la fabrication de l’hormone de croissance, la consolidation de notre système immunitaire, l’élimination des informations inutiles et la récupération physique. Quant au sommeil paradoxal, il est primordial pour la gestion du stress, des émotions et la consolidation des apprentissages. Dormir, c’est ainsi se donner les moyens d’être en forme, concentré et serein chaque jour.

▶ 11 :25 Insomnie chronique : définition, symptômes et traitement

L’insomnie chronique se définit par des troubles du sommeil persistants au moins trois fois par semaine pendant plus de trois mois. Elle se traduit par des difficultés d’endormissement, des réveils nocturnes, un sommeil non réparateur ou des réveils précoces. Les symptômes incluent fatigue, irritabilité, troubles de l’humeur et difficultés de concentration.

Le traitement de référence repose sur les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), visant à améliorer l’hygiène du sommeil, à contrôler les stimuli et à restreindre le temps passé au lit. En cas d’échec, des traitements médicamenteux peuvent être proposés, tels que des antihistaminiques, des benzodiazépines ou des inhibiteurs de l’éveil.

▶ 14 : 17 Syndrome d’apnée du sommeil (SAS) : définition, symptômes et traitement

L'apnée du sommeil se caractérise par des arrêts respiratoires durant le sommeil, supérieurs à 10 secondes, provoquant une baisse d’oxygène dans le sang et une augmentation du rythme cardiaque. Ces apnées peuvent entraîner des risques cardiovasculaires.

Le traitement principal consiste en l’utilisation d’une pression positive continue (PPC) qui maintient les voies respiratoires ouvertes pendant le sommeil.

▶ 15 :58 Les examens de référence concernant les troubles du sommeil

Pour diagnostiquer l’apnée du sommeil, l’examen de référence est la polysomnographie, qui étudie à la fois la respiration et les rythmes du sommeil. Un autre outil courant est l’agenda du sommeil, où le patient note ses horaires de coucher, de lever et ses ressentis pour mieux cerner les problèmes. D’autres examens spécialisés peuvent être prescrits en fonction des symptômes.

▶ 18 :48 Les pathologies de l’horloge : symptômes et traitements

Les pathologies de l’horloge, comme le retard ou l’avance de phase, concernent principalement les adolescents et sont souvent aggravées par l’usage excessif des écrans. Ces troubles se traduisent par des horaires de sommeil décalés, difficiles à réguler.

La prise en charge repose sur la luminothérapie, la pratique d'une activité physique régulière, des horaires fixes et parfois la prise de mélatonine pour resynchroniser le rythme veille-sommeil.

▶ 22 :04 Les parasomnies : symptômes et traitements

Les parasomnies regroupent des comportements moteurs anormaux pendant le sommeil, tels que les terreurs nocturnes et le somnambulisme, fréquents chez les enfants. Chez les adultes, les troubles du comportement en sommeil paradoxal peuvent entraîner des mouvements brusques en lien avec les rêves.

La régularité du sommeil et la réduction des facteurs de risque sont les premières étapes du traitement.

▶ 23 :45 Syndrome des jambes sans repos

Le syndrome des jambes sans repos se manifeste par des sensations désagréables dans les jambes, survenant au repos, surtout le soir et la nuit, et soulagées par le mouvement. Ce syndrome perturbe souvent le sommeil par des micro-réveils fréquents.

Son traitement repose sur l’identification de causes secondaires comme une carence en fer ou l’effet secondaire de médicaments psychotropes. Des traitements spécifiques incluent des agonistes de la dopamine, certains antiépileptiques, ou des antalgiques.

▶ 28 :26 Les conseils pratiques pour mieux dormir

Pour améliorer la qualité du sommeil, il est recommandé de soigner son environnement : une chambre calme, rangée, fraîche (17-18°C), un lit de qualité changé tous les 10 ans, et surtout l'absence d’écrans. Il est important de s’exposer à la lumière naturelle, de pratiquer une activité physique régulière, et de limiter les excitants tels que la caféine, le tabac et l’alcool.

En cas de réveil nocturne, il est préférable de ne pas regarder l’heure et de sortir du lit si l’endormissement tarde, afin de ne pas associer le lit à l’éveil.

▶ 50 :17 Quelle durée de sieste est recommandée ? Quels conseils pour les personnes qui travaillent de nuit ?

Les siestes sont bénéfiques pour la santé cognitive et émotionnelle. Même une « sieste flash » de quelques secondes ou minutes est déjà positif sur le plan cognitif. Une courte sieste de 15-20 minutes restaure vigilance et humeur. En revanche, une sieste d’1h30 permet une récupération plus longue, au prix d’un réveil plus difficile.

Pour les travailleurs de nuit, il est conseillé d’adopter un rythme stable sur plusieurs jours et d’utiliser les siestes stratégiquement avant les prises de poste.

Retrouvez l’intégralité du webinaire en vidéo ici :