Frein de langue
Qu'est-ce que le frein de langue ?
La pathologie concernant le frein de la langue s’appelle l'ankyloglossie. Il s'agit d'une malformation du nouveau-né qui consiste en un sous-développement du frein, qui est trop court, ferme et dur. Il en résulte une mauvaise mobilité linguale qui se manifeste au moment de l'allaitement.
L'ankyloglossie touche entre 5 et 10 % des nouveaux-nés avec une prédominance chez les garçons (de 1,5 à 2,6 garçons pour 1 fille). On retrouve cette pathologie dans 25 à 60 % des difficultés d’allaitement.
Il peut aussi exister une prédisposition génétique, ce qui signifie que si l'un des parents a été opéré d'un frein de langue, le nouveau-né est à risque. Il existe des formes chez les enfants pour lesquelles les manifestations sont différentes : difficulté à sourire, défaut de prononciation.
Quel est l'intérêt d'un deuxième avis pour un frein de langue trop court ?
Pourquoi un deuxième avis en cas de frein de langue trop court ?
Le frein de langue peut avoir des conséquences importantes sur la croissance et l'état de santé du nourrisson si l'allaitement ne se passe pas correctement, mais aussi pour la mère. Par ailleurs, il n'existe pas de signe clinique ou de critère diagnostic fort permettant l'identification de cette anomalie. Ainsi, un deuxième avis est utile dans un cas où le diagnostic n'aurait pas été posé si le nourrisson ne grossit pas (mauvaise courbe staturo-pondérale), ou si les seins de sa mère semblent affectés par la tétée, etc. La surveillance de la tétée est donc primordiale pour le diagnostic de frein de langue trop court, elle implique un interrogatoire clinique de qualité de la part de la mère et du praticien.
Les manifestations plus tardives de la maladie (lorsqu'elle n'a pas altéré l'allaitement) étant très diverses, le diagnostic peut ne pas être évident et un deuxième avis devient de même judicieux.
Enfin, les résultats de la freinectomie étant bons, ils incitent à consulter pour un deuxième avis si cette intervention n'a pas encore été proposée. Toutefois, cela nécessite la pose du diagnostic par un professionnel compétent, car même si le geste reste « simple », il s’agit quand même d’une intervention à ne pas banaliser, et tous les problèmes d’allaitement ne sont pas dus à un frein « serré ».
Quelles sont les questions les plus fréquemment posées ?
- Est-on sûr du diagnostic de frein de langue trop court ?
- Quels sont les signes d'un frein de langue trop court ?
- Quels sont les risques de la freinectomie ?
- Quel est l'alternative à la freinectomie ?
- Comment repérer les signes d'un mauvais allaitement ?
- Quelles sont les suites de la freinectomie ?
- Existe-t-il des supports d'aide pour l'allaitement ?
Mais aussi toutes les questions spécifiques que vous vous posez.
Quels sont les spécialistes du frein de langue ?
Les spécialistes du frein de langue sont les chirurgiens ORL pédiatriques et les chirurgiens infantiles .
Quels sont les symptômes d'un frein de langue trop court ?
Le frein de langue est situé en dessous de la langue et permet une plus ou moins grande mobilité linguale. Mais il existe aussi un frein de langue de la lèvre supérieure.
Concernant les conséquences d'un frein de langue trop court pour la mère, peuvent être signalées des douleurs des mamelons (décrites comme des « brûlures »), des crevasses dues au frottement, un risque d’engorgement par manque de stimulation avec une éjection insuffisante de lait, une infection du sein (mastites) et parfois une insuffisance de la lactation par manque de stimulation.
Concernant les conséquences d'un frein de langue trop court pour le bébé, les symptômes sont basés sur la qualité de l'allaitement. Un frein de langue peut entraîner une succion inadéquate et inefficace (partiellement ou totalement) avec impossibilité de rester « fixé » sur le sein, une prise de poids lente, des tétées interminables, des signes de fatigue.
Concernant l’enfant en âge scolaire ou l’adulte, la langue est maintenue au fond de la cavité buccale. La respiration nasale peut être difficile à cause de l’obstruction des voies aériennes supérieures en résultant, avec une respiration buccale. Les conséquences en sont des pathologies de la sphère ORL et dentaire : risque plus élevé d’affections oto-rhino-laryngologiques (y compris otites) par manque de filtration (nettoyage), mais aussi ronflement et apnée du sommeil. Les caries peuvent aussi être plus fréquentes, car la langue ne peut pas balayer l'ensemble de la dentition. De nombreux problèmes orthodontiques peuvent être associés, avec un mauvais positionnement des dents, car le frein est relié à la gencive. Il peut exister aussi des difficultés d'élocution, notamment sur la prononciation du TH anglais et du S et R. Il peut également s'agir de difficultés à embrasser, souffler dans un instrument à vent, siffler, rire… Tout autant de petits handicaps qui peuvent être socialement gênants.
Comment diagnostiquer un frein de langue trop court ?
Le diagnostic d'ankyloglossie repose sur la clinique. Il existe un système de classification, mais peu utilisé. Une grande partie de nouveaux nés avec un frein de langue trop court conservent cependant des capacités de tétées correctes, l’importance de l’atteinte n'étant pas toujours corrélée aux problèmes d'allaitement.
Concernant les cas plus tardifs où les manifestations sont très variées, ce sont également les éléments cliniques exposés plus haut qui orienteront vers un examen de la bouche et donc vers un diagnostic de frein de langue trop court.
Comment traiter un frein de langue trop court ?
Le traitement d'un frein de langue trop court est avant tout chirurgical et pas dans l’adaptation alimentaire.
La freinectomie, c’est-à-dire une ablation du frein, doit être effectuée afin de libérer la langue dans toute son amplitude. Elle peut s’effectuer à tout âge.
La freinectomie est différente de la frénotomie, qui est une section du frein en son milieu. Cette dernière, souvent pratiquée en première intention sur les nouveau-nés et bambins, pourra ne pas suffire à libérer complètement la langue, entraînant le maintien des difficultés d’allaitement. La freinectomie, elle, va permettre des améliorations notoires tant dans la conduite de l’allaitement que dans toutes les fonctionnalités de la langue : meilleure succion du sein, moins ou plus du tout de douleurs des mamelons pour la mère, meilleure éjection du lait, augmentation de la lactation à distance du geste, meilleure prise de poids pour le bébé, meilleure tenue du bébé au sein, meilleur sommeil, amélioration des troubles digestifs...
En France, il n’existe qu’un petit nombre de spécialistes (ORL, dentistes) qui connaissent les problèmes d’allaitement occasionnés par les freins de langue ou de la lèvre supérieure et qui pratiquent le geste sur les bébés.
Les suites opératoires sont assez simples, et la mise au sein se fait immédiatement après le geste.
Après le traitement chirurgical, ce sont les mises au sein répétées qui permettront au bébé de rééduquer sa technique de succion. À cela, on pourra ajouter le mimétisme, en lui faisant voir comment ouvrir « grand » la bouche et « tirer loin » la langue. Pour la mère, il faudra parfois aider à stimuler la lactation très rapidement, car le bébé ne faisant pas ce travail, l’offre de lait maternel risque de chuter par rapport à ses besoins (tire-lait double pompage, galactagogues). Faute d’intervention ou en l’attendant, il faudra aider le bébé à optimiser son positionnement au sein de manière à ce qu’une grande partie de l’aréole entre dans sa bouche, afin de faciliter le transfert de lait et éviter à la mère les douleurs provoquées par la pression des gencives. La prise palmaire du sein peut permettre au bébé de rester plus facilement sur le sein, car elle l’aide à contrôler sa mâchoire inférieure. Toutes les techniques qui vont permettre au bébé de recevoir suffisamment de lait seront aussi à envisager.
Mise à jour le 30/07/2021 Revue par le Professeur Christian Debry
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