
Pré-éclampsie : une complication de la grossesse à surveiller de près
La pré-éclampsie est une complication qui peut se déclarer au cours d'une grossesse et entraîner de lourdes conséquences pour la mère et l'enfant si elle n'est pas traitée. Avec un suivi adapté, l'accouchement, même s'il est provoqué, se déroule bien et la mère et le bébé sont en bonne santé.
Qu'est-ce que la pré-éclampsie ?
La pré-éclampsie est une maladie de la grossesse considérée comme fréquente. Elle se caractérise par une hypertension artérielle et une présence de protéines dans les urines maternelles.
Cette complication touche environ 2 % des grossesses. Plus fréquente chez les primipares (environ 50 % des cas), la pré-éclampsie survient dès la première grossesse, mais elle peut parfois apparaître pour la première fois lors des grossesses suivantes, notamment en cas de changement de partenaire.
La pré-éclampsie apparaît le plus souvent au milieu du deuxième trimestre de grossesse, après la vingtième semaine d'aménorrhée, mais peut également apparaître en fin de grossesse, voire même au cours du post-partum (le plus souvent dans les quatre jours suivant l'accouchement, mais parfois jusqu'à six semaines après).
Quels sont les signes et les symptômes d'une pré-éclampsie ?
Les principaux symptômes d'une pré-éclampsie chez la femme enceinte sont :
-
une pression artérielle (systolique et diastolique) trop importante,
-
une présence de protéines dans les urines supérieure à 300 mg/24h (protéinurie),
D'autres symptômes peuvent également être présents, tels que des maux de têtes, des troubles de la vision, des acouphènes, des vomissements, une diminution ou un arrêt des urines, des douleurs abdominales, des œdèmes, un gonflement inhabituel du visage, des saignements vaginaux, une prise de poids importante et rapide.
Quelles sont les causes de la pré-éclampsie ?
La pré-éclampsie est due à un dysfonctionnement du placenta. Le réseau vasculaire situé entre le placenta et la paroi de l'utérus devient défectueux et ne permet plus de fournir le flux sanguin nécessaire à la croissance fœtale et au fonctionnement de l'organisme maternel.
De nombreuses protéines sont alors rejetées dans le sang de la femme enceinte et altèrent le fonctionnement de ses reins, entraînant ainsi une hypertension artérielle et une protéinurie.
Quels sont les facteurs de risque d'une pré-éclampsie ?
Certains facteurs de risque de développer une pré-éclampsie ont été mis en évidence :
-
un antécédent personnel (lors d'une précédente grossesse) ou familial de pré-éclampsie,
-
une grossesse multiple,
-
une obésité,
-
une hypertension artérielle chronique (déclarée avant la grossesse),
-
un trouble de la coagulation,
-
un diabète de type I, un diabète de type II ou un diabète gestationnel,
-
une première grossesse,
-
un âge supérieur à 35 ans,
-
l'origine ethnique.
Quels sont les risques et les dangers de la pré-éclampsie ?
La plupart du temps, un suivi régulier et un traitement adéquat permettent d'éviter d'éventuelles complications graves pour la mère et le fœtus. L'accouchement se déroule bien et la mère et l'enfant sont en bonne santé. Cependant, dans les cas les plus graves, qui représentent 10 % des cas de pré-éclampsie, le pronostic vital de la mère et de l'enfant peuvent être engagés.
Les conséquences de la pré-éclampsie pour la mère (syndrome HELLP...)
Si elle n'est pas suivie, la pré-éclampsie peut déboucher sur une éclampsie, qui se traduit par des crises convulsives en fin de grossesse ou en post-partum. En France, le suivi permet fréquemment d'éviter une éclampsie, mais dans le monde 2 % des femmes enceintes sont concernées.
La pré-éclampsie peut également entraîner un hématome rétroplacentaire : le placenta se décolle de la paroi interne de l'utérus altérant ou supprimant les échanges entre la femme enceinte et le fœtus.
Le syndrome HELLP (pour Hemolysis, Elevated Liver enzymes, Low Platelet count) est une complication rare et grave de la pré-éclampsie. Un hématome se forme autour du foie en fin de grossesse ou dans les 24 heures suivant l'accouchement. Ce syndrome concerne environ 10-20% des pré-éclampsies.
Des cas d'hémorragie cérébrale ou d'insuffisance rénale aiguë sont également documentés.
Heureusement, en France, les décès maternels liés à une pré-éclampsie sont aujourd'hui rares, grâce à la prise en charge. Dans les pays disposant d'un accès au soins moins développé, les pronostics sont malheureusement moins positifs.
Les conséquences de la pré-éclampsie pour le bébé
7 à 20 % des grossesses avec une hypertension artérielle donnent lieu à des retards de croissance du fœtus in utero. Ces retards de croissance sont diagnostiqués lors d'échographies réalisées tous les quinze jours grâce à la mesure du périmètre de l'abdomen du fœtus.
La pré-éclampsie peut également provoquer des naissances prématurées.
Dans de rares cas de pré-éclampsie sévère provoquant chez la mère une éclampsie ou un hématome rétroplacentaire, le décès du bébé in utero peut malheureusement être constaté.
En France, la pré-éclampsie est à l'origine d'un tiers des naissances de grands-prématurés et représente une des causes principales de retard de croissance in utero.
Test, protéinurie, hypertension... Comment reconnaître et diagnostiquer la pré-éclampsie au cours d'une grossesse ?
Un examen biologique peut être pratiqué pour les femmes présentant des facteurs de risque d'apparition d'une pré-éclampsie, mais cet examen ne permet pas de prédire avec assurance la survenue d'une pré-éclampsie.
La pression artérielle et le taux de protéines dans les urines sont testés à chaque rendez-vous de suivi habituel de grossesse. Si les symptômes précédemment listés apparaissent entre deux consultations de suivi, il est conseillé de consulter un gynécologue-obstétricien en urgence.
Quels sont les traitements de la pré-éclampsie ?
Un traitement préventif avec de l'aspirine peut être prescrit aux femmes enceintes ayant déjà connu une pré-éclampsie lors d'une précédente grossesse. Le risque de survenue d'une nouvelle pré-éclampsie est en effet multiplié par sept pour ces patientes.
La pré-éclampsie est une maladie qui évolue rapidement et nécessite une prise en charge immédiate afin d'éviter toute complication pour la mère et l'enfant.
Pour les cas de pré-éclampsie sans symptôme sévère, la femme enceinte peut rester à domicile en évitant le travail, le stress et en privilégiant la position assise. Un arrêt de travail est proposé. Un suivi médical de l'évolution de la pathologie sur la patiente et son bébé est réalisé une fois par semaine.
Mais la plupart du temps, une hospitalisation de la femme enceinte est nécessaire pour évaluer la gravité de la maladie et suivre les effets de son évolution sur l'organisme de la patiente et de l'enfant qu'elle porte. Si cela s'avère nécessaire, un traitement médicamenteux contre l'hypertension ou contre les convulsions peut être administré à la patiente.
L'objectif de ce suivi est de prolonger la grossesse le plus longtemps possible, tout en administrant des corticoïdes au fœtus pour accélérer la maturation de ses poumons afin de pouvoir provoquer l'accouchement au moment le plus tardif et le plus favorable au développement du bébé.
Une orientation vers une maternité bénéficiant des équipements adéquats est possible si le niveau de la maternité initiale ne le permet pas.
Dans les cas de pré-éclampsie les plus sévères, quand la vie de la mère et de l'enfant est engagée, une césarienne d'urgence peut être réalisée quel que soit le terme de la grossesse.
La pré-éclampsie est une pathologie dont les symptômes sont surveillés tout au long de la grossesse et qui nécessite une prise en charge en urgence par un médecin gynécologue-ostétricien. Les complications sont rares, mais potentiellement graves. Il est possible de demander un deuxième avis médical sur dossier pour confirmer le diagnostic et conforter la femme enceinte et son partenaire sur les décisions médicales concernant l'accouchement.
Sources :
-
Pré-éclampsie : une maladie de la grossesse fréquente et parfois gravissime : https://www.inserm.fr/dossier/pre-eclampsie/
-
Définition et causes de la pré-éclampsie : https://www.ameli.fr/assure/sante/devenir-parent/grossesse/difficultes-et-maladies-pendant-la-grossesse/preeclampsie/definition-causes
-
Circonstances de découverte, symptômes, diagnostic et évolution de la pré-éclampsie : https://www.ameli.fr/assure/sante/devenir-parent/grossesse/difficultes-et-maladies-pendant-la-grossesse/preeclampsie/diagnostic-evolution
-
Pré-éclampsie : https://www.sante.fr/preeclampsie
-
La pré-éclampsie, parlons-en : https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/flyer_Grossesse-Sante%CC%81-2024-HD%20pour%20impression.pdf
- Pré-éclampsie et éclampsie : https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/probl%C3%A8mes-de-sant%C3%A9-de-la-femme/complications-de-la-grossesse/pr%C3%A9%C3%A9clampsie-et-%C3%A9clampsie
Publication le 27/10/2025 par Marion Berthon
Relu par Gaëtan Pannetier
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