Pourquoi les personnes âgées chutent-elles davantage que les autres ?

La chute chez la personne âgée n’est jamais à prendre à la légère. Elle a des conséquences physiques, psychologiques et sociales ; elle marque une rupture dans la vie des individus ainsi qu’une perte d’autonomie. C’est pourquoi le risque de chute chez les seniors fait l’objet d’un plan gouvernemental afin de prévenir et limiter ce phénomène. Pourquoi les personnes âgées tombent-elles davantage, avec quelles conséquences ? Comment éviter les chutes ? Les réponses ici. 

Chute chez la personne âgée : les chiffres 

En France, parmi les plus de 65 ans, une personne sur trois tombe au moins une fois par an. Les chutes des personnes âgées constituent un enjeu de santé publique. Elles entraînent chaque année plus de 100 000 hospitalisations et plus de 10 000 décès. Au-delà de ces conséquences humaines, ces chutes ont un coût pour la collectivité : 2 milliards d’euros par an. Alors que la population vieillit et que le nombre de personnes de plus de 65 ans augmentera de 2,4 millions d’ici à 2030, il est urgent d’agir pour prévenir les chutes.

Qu'est-ce qui peut provoquer les chutes chez les personnes âgées ?

La personne âgée est davantage sujette aux chutes pour plusieurs raisons.

Des fonctions diminuées à cause du vieillissement et des maladies 

L’état de santé de la personne âgée peut accentuer le risque de chute :

• troubles de l’équilibre, vertiges
• diminution de la mobilité des articulations, faiblesse musculaire
• troubles sensoriels (baisse de la vue, apparition de cataracte…)
• maladies inflammatoires articulaires (l’arthrose, par exemple, rend les mouvements douloureux)
• maladies neurologiques dégénératives (maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer à l’origine de troubles de la coordination et de la perception visuelle)

Médicaments et chutes

La prise de certains médicaments peuvent modifier l’attention, ou faire baisser la pression artérielle, et ainsi augmenter le risque de chute. Parmi eux, on peut citer :

• les analgésiques opioïdes
• les médicaments anxiolytiques
• certains antidépresseurs
• les antihypertenseurs
• les diurétiques
• certains médicaments pour le cœur

Un aménagement de domicile inadapté

De nombreux cas de chute sont liés à une environnement intérieur inadapté à la personne âgée. Ainsi, des pièces encombrées, avec des objets ou des meubles gênants, des fils électriques qui traînent au sol, un éclairage insuffisant, un parquet glissant, des tapis au bords relevés… sont autant d’éléments susceptibles d’entraîner des chutes.

Quelles sont les conséquences et les risques des chutes chez les personnes âgées ? 

Les conséquences d’une chute chez la personne âgée sont nécessairement plus graves que chez le sujet jeune, car les os ont tendance à être moins résistants et les muscles à diminuer de volume avec l’âge. Plus le patient est âgé, plus les conséquences sont souvent plus graves.

Blessures légères

Plus de la moitié des chutes entraînent des blessures légères, telles que des ecchymoses, des entorses, des plaies, des contusions.

Fracture du col du fémur et autres fractures

La plupart des chutes graves entraînent des fractures. En effet, en raison de la fragilité osseuse du patient âgé, le risque de fracture consécutive à une chute est plus élevé. Ainsi, la fracture du col du fémur est particulièrement fréquente. Il s’agit d’une urgence chirurgicale, et ses conséquences à moyen et long terme peuvent être graves car elle entraîne une perte d’autonomie importante, qui augmente le risque de décès un an après la chute.

La perte de connaissance

Si le patient reste immobile au sol pendant longtemps car il ne parvient pas à se relever seul, il y a un risque d’hypothermie, de dénutrition, de déshydratation et donc de perte de connaissance. Un caillot de sang peut aussi se former dans une veine car le sang circule mal (phlébite) ce qui peut mener à une complication mortelle : l’embolie pulmonaire mortelle (le caillot remonte dans une veine menant au coeur).

Le syndrome post chute : la peur de chuter 

La chute peut susciter chez le patient âgé une perte de confiance en son corps et ses capacités et donc une peur de chuter à nouveau voire une anxiété. La personne peut se replier sur elle-même et refuser certaines activités de peur de tomber. Ceci s’appelle le syndrome post-chute ; doit être traité à l’aide de kinésithérapeutes, ou ergothérapeutes, pour regagner confiance en soi.

Prévention des chutes répétées chez la personne âgée

Le plan antichute 

Face aux multiples défis que représentent ces chutes, les autorités ont adopté en février 2022 un plan national anti-chute des personnes âgées. Ce plan, qui vise la prévention des chutes et la limitation de leur gravité, prévoit notamment :

• un renforcement de l’information : savoir repérer les personnes à risque de chute, les facteurs de risque (signes « avant-chuteurs »…)
• une aide financière : depuis le 1er janvier 2024, une prime baptisée Ma PrimeAdapt’ permet aux personnes en perte d’autonomie (sous conditions d’attribution) d’être accompagnées et de financer les travaux d’adaptation de leur logement afin qu’elles puissent rester vivre chez elles le plus longtemps possible.
• un renforcement de l’activité physique chez les seniors, meilleure arme anti-chute. L’objectif est de renforcer l’activité physique adaptée (APA) chez la personne âgée.
• un recours accru aux aides techniques (matériels, objets, logiciels, applications qui permettent aux personnes en situation de handicap ou âgées, d’effectuer des gestes de la vie quotidienne : fauteuils roulants, canne, déambulateurs, sièges de bain, barres d’appui, aides optiques…)
• le déploiement de la téléassistance pour tous.

Comment éviter que la personne âgée ne tombe

Certaines mesures permettent de limiter le risque de chute

• Libérer les lieux de passage et renforcer l’éclairage des pièces
• Porter des semelles antidérapantes
• Améliorer l’accessibilité des objets
• Adapter son mobilier, mettre en place des points d’appui
• Adopter de nouvelles habitudes de vie : se lever lentement (pour éviter l’hypotension artérielle et donc la chute), pratiquer une activité physique adaptée, faire des exercices d’équilibre, apprendre à se relever en cas de chute, adopter une alimentation équilibrée pour maintenir les muscles et les os en bonne santé.
• Prendre soin de ses pieds pour avoir une marche indolore et plus sécurisée
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La prise en charge orthopédique après une chute chez une personne âgée

Le traitement d’une fracture chez un jeune enfant n’est pas du tout le même que chez une personne de plus de 60 ans. En effet, les capacités de remodelage des os chez la personne âgée sont très réduites. Le temps de guérison est beaucoup plus long, c’est pourquoi il est souvent nécessaire de proposer une rééducation et du repos dans des centres dédiés appelés Établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR). De même, les opérations chirurgicales doivent être évitées au maximum afin de limiter les risques pendant et après l’intervention.

Devant une lésion de l’appareil musculo-squelettique consécutive à une chute, la stratégie thérapeutique doit être étudiée au cas par cas, en fonction de la sévérité de l’atteinte, des traitements disponibles et des attentes de la personne en termes d’autonomie et de récupération.

Sources :

• Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, Plan Antichute
  https://solidarites.gouv.fr/plan-antichute-des-personnes-agees#anchor-navigation-943
• Assurance Maladie, Prévenir les chutes chez les personnes âgées
  https://www.ameli.fr/assure/sante/bons-gestes/seniors/prevenir-chutes-personnes-agees#text_9001
• Les Manuels MSD, Chutes chez les personnes âgées
  https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/la-sant%C3%A9-des-personnes-%C3%A2g%C3%A9es/chutes-chez-les-personnes-%C3%A2g%C3%A9es/chutes-chez-les-personnes-%C3%A2g%C3%A9es