Orthopédie : les complications post-opératoires de la chirurgie

Toute chirurgie, qu’elle soit orthopédique ou non, présente certains risques. Ceux-ci sont obligatoirement exposés à chaque patient avant toute opération de façon claire et exhaustive via le formulaire de consentement. Dans cet article, on fait le point sur les complications les plus fréquentes en chirurgie orthopédique. 

L’infection post-opératoire, une complication rare mais redoutée

L’incidence des infections est relativement rare en chirurgie orthopédique, comparée à d’autres chirurgies. Mais cette complication est redoutée car elle est difficile à soigner et a des conséquences délétères : un taux de morbidité (émergence d’une maladie) important, une augmentation de la mortalité, une prolongation des séjours hospitaliers et des coûts supplémentaires.

Comprendre l’infection nosocomiale

Une infection nocosomiale est une infection contractée dans un établissement de santé (hôpital, clinique…), au cours d’un soin ou à la suite de celui-ci. Les germes responsables de l’infection proviennent le plus souvent du patient lui-même, mais ils sont transportés sur le site infectieux par l’intermédiaire du personnel ou de dispositifs médicaux.

De très nombreux facteurs, propres au patient, à l'intervention ou appartenant à l'environnement hospitalier, favorisent la survenue de l’infection, soit en postopératoire immédiat, soit plusieurs mois après l'intervention. Différentes bactéries sont responsables de ces infections. En chirurgie orthopédique, le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est au premier plan dans tous les types d'infection en chirurgie osseuse, suivi des staphylocoques à coagulase négative en présence de matériel (prothèse, par exemple).

Infection post-opératoire : combien de temps après l’opération ?

Les infections post-opératoires surviennent après une intervention chirurgicale sur la zone où a été réalisée l’intervention. On parle aussi d’Infection sur Site Opératoire (ISO). L’infection est absente au moment de l’admission du patient dans l’établissement et se déclare au minimum 48 heures après l’admission. Cette infection peut survenir dans les 30 jours suivants l'acte chirurgical, à l’hôpital ou une fois de retour à la maison. Mais elle peut également apparaître plusieurs mois ou années plus tard s'il y a eu pose d'une prothèse ou d’un corps étranger.

Quels sont les risques d’infection après une opération ?

On estime qu’un patient sur vingt (environ 5 %) des patients qui séjournent à l’hôpital contracte une infection au sein de l’établissement, toutes chirurgies confondues. Le risque varie selon le profil du patient, le niveau d’hygiène ou encore les soins pratiqués. On distingue ainsi plusieurs facteurs de risque d’infection :

• Des facteurs propres au patient : âge avancé, présence d’autres pathologies (notamment diabète, obésité, arthrite rhumatoïde), immunodépression, tabagisme actif…

• La nature de l’intervention : les chirurgies de révision et les interventions de longue durée sont plus concernées par les infections.

• Le type d’organe opéré : si le traitement choisi nécessite que l‘on ouvre un organe creux (respiratoire, digestif, urinaire…), son contenu peut éventuellement se disséminer et ainsi accroître le risque d’infection.

• La nature de l’établissement : Les centres de lutte contre le cancer sont par exemple très concernés.

• D’autres facteurs liés à l’environnement opératoire : par exemple, le nombre de personnes dans la salle d’opération influe sur le risque d’infection.

Inflammation, gonflement, fièvre… Quels sont les symptômes d'une infection après une opération ? 

Les symptômes de l’infection post-opératoire varient selon les cas, mais restent assez identifiables : fièvre, rougeur, sécrétion d’un liquide provenant de la plaie, douleurs de plus en plus fortes autour du site de l’intervention, chaleur, couleur suspecte, œdème, tuméfaction…

Le traitement de l'infection post-opératoire

La plupart des infections post opératoires superficielles peuvent être traitées par des antibiotiques idéalement après prélèvement bactériologique. Cependant certains patients devront subir une autre intervention chirurgicale pour traiter l’infection, nettoyer la zone de l’opération, drainer un abcès ou encore changer une prothèse, selon les situations.

Les autres complications post-opératoires : phlébite et embolie pulmonaire

Parce que le membre opéré doit rester immobile durant l’opération et en phase post-opératoire, le sang circule moins bien ce qui peut engendrer le développement d’une phlébite, également appelée thrombose veineuse (caillot dans le sang) ou d’une embolie pulmonaire (migration du caillot vers les poumons). Ces risques sont augmentés en cas de chirurgie lourde des membres inférieurs. Pour limiter ce risque, un traitement anticoagulant quotidien préventif est  prescrit. Par exemple, pour la pose d’une prothèse de hanche ou de genou, le traitement est administré pendant 2 à 5 semaines.

Les pertes sanguines

Il est normal de perdre du sang pendant une opération chirurgicale. Celui-ci peut d’ailleurs être  récolté et re-transfusé au patient. Cependant si l’épanchement de sang continue en post-opératoire, il est possible de réaliser une transfusion à partir d’une banque de sang alimentée par des donneurs.

Les hématomes

Un épanchement de sang dans une articulation peut mener à la formation d’un hématome. S’il est douloureux, il pourra être ponctionné afin de le drainer.

Hanche, genou... Les complications liées à la prothèse

L’arthroplastie, c’est-à-dire la pose d’une prothèse, peut être la cause d’un certain nombre de complications :

• Luxation de la prothèse, majoritairement au niveau de la hanche

• Epanchement chronique, c’est-à-dire un gonflement de l’articulation prothétique

• Raideur articulaire qui se manifeste par une amplitude diminuée des mouvements

• Ossification périprothétique via la formation de tissu osseux autour de la prothèse

• Paralysie des nerfs à proximité de la prothèse

• Fracture osseuse durant la pose de la prothèse, à cause d’une fragilité de l’os

L’algodystrophie

Cette complication peut associer douleurs, gonflements et raideurs de l’articulation ou du membre entier après un traumatisme. Son évolution peut se faire sur plusieurs mois et de manière imprévisible.

Les complications au niveau de la cicatrice

Il peut s’agir de la désunion des deux bords de la cicatrice ou de la nécrose (mort) de la peau à son voisinage.

Sources : 

• Revue Médicale Suisse, Prévention des infections postopératoires en orthopédie
  https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2012/revue-medicale-suisse-338/prevention-des-infections-postoperatoires-en-orthopedie

• EM Consulte, Infections nosocomiales en chirurgie orthopédique
  https://www.em-consulte.com/article/8131/infections-nosocomiales-en-chirurgie-orthopedique

• Inserm, Infections nosocomiales
  https://www.inserm.fr/dossier/infections-nosocomiales/

•  Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (Sofcot), Les suites opératoires après l'implantation d'une prothèse de hanche ou de genou
  https://www.sofcot.fr/patients/actualites/les-suites-operatoires-et-les-precautions-prendre-apres-limplantation-dune