
L'endométriose colorectale : symptômes, diagnostic et traitements
L’endométriose est une maladie chronique qui touche environ 10 % des femmes en âge de procréer. Elle se caractérise par la présence de tissu semblable à celui de la muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus. Selon les symptômes et la localisation, on distingue 3 types d’endométriose : superficielle, ovarienne et profonde.
L’endométriose colorectale, ou digestive, est une forme particulière d’endométriose profonde. Quels sont les symptômes, comment la diagnostiquer, et quelles options thérapeutiques envisager ?
Qu’est-ce que l’endométriose colorectale ?
L’endométriose colorectale se caractérise par la présence de tissu endométrial au niveau des intestins, de la paroi du côlon ou du rectum. Ce tissu réagit aux hormones du cycle menstruel et saigne lors des règles, provoquant une inflammation et une fibrose (formation de tissu cicatriciel qui peut altérer le fonctionnement des organes) des tissus environnants.
Comment savoir si l’on est atteint d’endométriose digestive ?
L’endométriose colorectale peut se manifester par des signes et symptômes variés.
Les plus fréquents sont :
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Une douleur à la défécation ou la miction.
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Des troubles du transit, comme de la constipation, de la diarrhée, des ballonnements, des gaz ou des crampes abdominales.
-
Des saignements digestifs, qui se traduisent par la présence de sang dans les selles, parfois plus abondant pendant les règles.
-
Une anémie, due à la perte chronique de sang.
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Une infertilité, liée à l’inflammation pelvienne et à l’altération de la fonction ovarienne.
Le parcours diagnostique
Des retards de diagnostic encore trop nombreux
Selon le rapport de l’Académie nationale de médecine publié en 2021, le délai entre l’apparition des symptômes et la confirmation du diagnostic de l’endométriose colorectale est en moyenne de 6 ans, voire plus.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce retard :
-
La diversité et la non-spécificité des symptômes, qui peuvent être confondues avec ceux d’autres maladies digestives, comme le syndrome de l’intestin irritable, la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse ou le cancer du côlon.
-
La réticence ou la peur des patientes à parler de leurs symptômes, qui peuvent être perçus comme tabous ou honteux ou à subir des examens invasifs ou douloureux.
-
Le manque de connaissances et de formation de l’ensemble des professionnels de santé, qui peuvent méconnaître ou minimiser les signes d’endométriose colorectale.
Un repérage plus précoce de la maladie pourrait efficacement améliorer la prise en charge des patientes.
Le diagnostic précoce à l’ère du numérique
L’algorithme Shiny Deva
L’équipe du Pr Arnaud Fauconnier, chef du service Gynécologie obstétrique du Centre Hospitalier Intercommunal de Poissy–Saint-Germain-en-Laye, a développé, en France de janvier 2017 à décembre 2019, un dispositif médical d’aide à la détection précoce de l’endométriose. Cet outil, Shiny Deva, est un algorithme basé sur 21 questions simples concernant les douleurs et autres symptômes. Les réponses à ses questions donnent une indication quant à la probabilité (élevée, moyenne ou faible) d’avoir une endométriose.
L’application Luna
Le Dr Jean Philippe Estrade et Le Pr Charles Chapron, tous deux chirurgiens-gynécologues spécialistes de l’endométriose et co-fondateurs de la startup Luna, ont mis au point une application LunaEndoScore Labellisée Dispositif médical CE. Depuis 2021, ce dispositif médical d’aide au diagnostic permet de déterminer la probabilité d’être atteint d’endométriose. L’application Luna calcule le score de risque en quelques minutes grâce à vos réponses à un questionnaire.
Ces outils numériques permettent un repérage plus rapide de la maladie et apportent au médecin une indication pour orienter les patientes vers le parcours de soin le plus adapté.
Ils ne se soustraient aucunement aux consultations et aux examens médicaux.
Examens et techniques d’imagerie
Le diagnostic de l’endométriose colorectale comporte plusieurs étapes.
Le médecin procédera tout d’abord à :
-
Un interrogatoire approfondi, visant à recueillir les antécédents médicaux/chirurgicaux, familiaux et gynécologiques de la patiente ainsi que les caractéristiques de ses symptômes.
-
Un examen clinique, comprenant un toucher vaginal, un toucher rectal et un examen abdominal, afin de rechercher des signes d’endométriose ou de complications.
-
Des examens biologiques, comme une prise de sang, une analyse d’urine ou un test de grossesse, pour évaluer l’état général de la patiente et éliminer d’autres causes possibles de ses symptômes.
Des examens d’imagerie permettront ensuite d’évaluer l’étendue des lésions :
Une échographie endovaginale pour confirmer le diagnostic ;
-
Une IRM pelvienne ;
-
Une échographie endorectale et un coloscanner pour les localisations situées au niveau du colon et du rectum.
Ces examens ont pour objectifs de visualiser les lésions d’endométriose, leur localisation, leur taille, leur profondeur et leur éventuel retentissement sur les organes voisins.
Le rôle de la cœlioscopie
La cœlioscopie n’est pas indispensable pour poser le diagnostic d’endométriose et mettre en place un traitement médical chez les patientes symptomatiques. Elle peut néanmoins être indiquée pour procéder à une biopsie (prélèvement de tissu) pour confirmer la présence et la nature des lésions.
La cœlioscopie est également justifiée en cas de discordance entre les symptômes et les données de l’imagerie et également lorsque ces derniers sont résistants au traitement médical mis en place.
Comment soigner une endométriose digestive ?
Le traitement médical
Il vise à soulager les symptômes, à réduire la taille des lésions et à prévenir leur progression. Il repose sur deux types de médicaments :
-
Les antalgiques et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) permettent de contrôler la douleur et l’inflammation.
-
Les traitements hormonaux, qui bloquent l’ovulation et les règles, et ainsi diminuent la stimulation des lésions endométriales.
Le traitement médical doit être adapté à chaque patiente, à ses symptômes, à son désir de grossesse, et à sa tolérance aux médicaments. Il ne permet pas une guérison définitive ni d’éliminer la fibrose constituée, mais il peut retarder ou éviter le recours à la chirurgie.
Traitement chirurgical de l’endométriose digestive
La chirurgie de l’endométriose colorectale peut être proposée aux patientes qui présentent des symptômes très invalidants et en cas d’échec ou de contre-indication du traitement médical. L’intervention consiste à enlever les lésions endométriales et à restaurer la fonction des organes atteints. Elle permet de réduire les symptômes, d’améliorer la qualité de vie et la fertilité des patientes, mais elle n’offre pas une guérison définitive. La cœlioscopie est la voie d’abord privilégiée. La chirurgie expose les patientes à des risques de complications postopératoires : fistules (canal qui se forme dans l’organisme pour évacuer des sécrétions), occlusion intestinale, hémorragie digestive, abcès pelvien ou dysurie (difficultés à uriner) postopératoire, etc.
Approches complémentaires et modifications du mode de vie
En complément des traitements antalgiques habituels et d’un traitement hormonal, vous pouvez contribuer à la réduire et à améliorer votre quotidien en adoptant une bonne hygiène de vie.
-
Adopter un régime alimentaire adapté. Les chercheurs comme Jennifer Wargo, médecin chercheur à l’université du Texas, recommandent l’incorporation d’ingrédients clés dans l’alimentation, qui jugulent efficacement l’inflammation et réduisent les risques de maladies cardiovasculaires, de cancers et d’autres affections. Le régime méditerranéen est mis à l’honneur. Certains nutriments et ingrédients tels que le curcuma, les poissons gras, les pommes, les avocats, les carottes et les légumes verts à feuilles ont également montré leur pouvoir sur les maladies inflammatoires chroniques.
-
Pratiquer une activité physique régulière, adaptée à son état de santé et à ses capacités, peut aider à diminuer la douleur et à réduire le stress. Évitez cependant les sports trop intenses ou traumatisants, qui peuvent aggraver l’inflammation.
-
Recourir à des méthodes de relaxation, de méditation, d’hypnose, ou de sophrologie, pour apprendre à gérer la douleur, à diminuer l’anxiété. Ces techniques peuvent aider à mieux vivre avec la maladie et à réduire la consommation de médicaments.
Le parcours de soins de l’endométriose colorectale peut être complexe et sources de nombreux questionnements. Un deuxième avis médical peut vous aider et vous rassurer dans la compréhension de la maladie et des thérapeutiques proposées.
Sources :
- Haute Autorité de Santé
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-01/prise_en_charge_de_lendometriose_-_recommandations.pdf - Endofrance
https://www.endofrance.org/la-maladie-endometriose/symptomes-endometriose/troubles-digestifs/#:~:text=On%20parle%20d’endom%C3%A9triose%20digestive,douleurs%20lors%20de%20la%20d%C3%A9f%C3%A9cation - LUNA - Dispositif médical
https://www.lunaforhealth.com/fr - Shiny DEVA
https://arnaudfauconnier.shinyapps.io/shinyDEVA/ - ASRM - American Society for Reproductive Medicine
https://www.fertstert.org/article/S0015-0282 (21) 01809-4/fulltext - Science Direct
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0003394401006149 - Organisation mondial de la Santé
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/endometriosis - INSERM
https://www.inserm.fr/dossier/endometriose/ - AFENA - Association Filière Endométriose Nouvelle Aquitaine
https://www.afena.fr/lendometriose/diagnostiquer-lendometriose/ - Académie Nationale de Médecine
https://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2021/11/21.11.9-Rapport-endometriose.pdf - National Geographic
https://www.nationalgeographic.fr/sciences/nutrition-alimentation-aliments-privilegier-en-cas-inflammation
Publication le 02/06/2025 par Lénaig Le Guen
Relu par Elise Furet
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