
Les complications de la chirurgie bariatrique
Le recours à la chirurgie bariatrique se multiplie ces dernières années. La France pratique 20 fois plus d’opérations qu’il y a 20 ans ! Si l’anneau gastrique, la sleeve gastrectomie et le bypass gastrique représentent une avancée indéniable dans le traitement de l’obésité sévère ou morbide et des maladies associées, la chirurgie bariatrique est une opération lourde qui n’est pas sans risques. Focus sur les complications qui peuvent apparaître pendant, juste après ou à distance d’une chirurgie de l’obésité.
Dans son rapport sur la situation de la chirurgie de l’obésité publié en 2018, l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) avertit qu’il s’agit « d’un acte dont l’efficacité a pour corollaire des effets potentiellement graves ». On estime à 10 % les risques de complications d’une chirurgie bariatrique. Les chiffres de la mortalité sont plutôt faibles : 0,1 % pour l’anneau gastrique, 0,2 % pour la sleeve gastrectomie et 0,5 % pour le bypass gastrique. Des chiffres à mettre en regard de ceux d’une obésité morbide non traitée : la chirurgie bariatrique réduirait la mortalité d’un tiers.
Qu'est ce qu'une chirurgie bariatrique ?
Définition
Une chirurgie bariatrique est une intervention chirurgicale destinée à traiter des patients souffrant d'obésité sévère lorsque les méthodes conventionnelles comme les régimes alimentaires, l’exercice physique ou les traitements médicaux n'ont pas été suffisants. Ce type de chirurgie vise principalement à réduire l’apport calorique et, dans certains cas, à limiter l’absorption des nutriments, afin de provoquer une perte de poids durable.
Cette chirurgie est indiquée chez les personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 40, ou supérieur à 35 en présence de pathologies associées à l’obésité, telles que le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, l’apnée du sommeil ou des troubles articulaires.
Il existe deux grands types de mécanismes dans la chirurgie bariatrique : les techniques dites restrictives, qui réduisent la taille de l’estomac et les techniques dites malabsorptives, qui modifient le circuit digestif pour réduire l’absorption des nutriments.
Anneau gastrique, sleeve gastrectomie et bypass gastrique, quelles différences ?
L’anneau gastrique ajustable est une méthode restrictive qui consiste à placer un anneau en silicone autour de la partie haute de l’estomac, créant ainsi une petite poche qui limite la quantité d’aliments ingérés. En favorisant une sensation de satiété rapide, cette technique aide à réduire les apports caloriques sans modifier le circuit digestif ni altérer l’absorption des nutriments. Peu invasive et réversible, elle a longtemps été une option privilégiée en chirurgie bariatrique. Cette technique est de moins en moins utilisé en raison d’un taux d’échec relativement élevé à long terme. Environ 30 à 50 % des patients nécessitent une nouvelle intervention dans les dix ans suivant la pose, notamment à cause de complications mécaniques, de douleurs persistantes ou d’une perte de poids insuffisante.
La sleeve gastrectomie, aussi appelée gastrectomie longitudinale, consiste à retirer chirurgicalement environ 70 à 80 % de l’estomac pour ne laisser qu’un tube étroit. Ce nouveau volume gastrique réduit fortement la quantité d’aliments que le patient peut consommer. Cette opération, qui est irréversible, est aujourd’hui la plus pratiquée en France.
Le bypass gastrique, consiste à créer une petite poche gastrique d’environ 30 ml à partir de l’estomac, qui est directement reliée à l’intestin grêle, et qui permet de contourner une portion significative du tube digestif. Cette opération permet de limiter la quantité d’aliments ingérés par le patient tout en réduisant l’absorption des calories et des nutriments. Le bypass est considéré comme l’une des techniques les plus efficaces, notamment chez les patients atteints de diabète de type 2, avec un taux de rémission qui peut atteindre 80 % dans les premières années.
Les complications pendant une chirurgie bariatrique
La réduction des risques pendant l’intervention repose en grande partie sur une préparation préopératoire rigoureuse. Bien que le désir de perdre du poids rapidement soit compréhensible chez les personnes souffrant d’obésité, un suivi médical et multidisciplinaire d’au moins six mois est essentiel avant toute chirurgie.
Parmi les complications peropératoires les plus fréquentes, on retrouve le saignement (hémorragie), pouvant nécessiter une transfusion ou une conversion en chirurgie ouverte. Il existe également un risque de lésion accidentelle d’organes voisins comme la rate, le foie ou les organes digestifs. Comme pour toute intervention chirurgicale, des problèmes liés à l’anesthésie générale peuvent aussi apparaître, notamment des troubles respiratoires ou cardiovasculaires, surtout chez les patients présentant déjà des comorbidités liées à l’obésité.
Quelles sont les complications possibles juste après une chirurgie bariatrique ?
Dans les heures et les jours qui suivent la chirurgie bariatrique, des complications aiguës peuvent survenir : un risque de saignement provenant des sutures digestives mais également un risque d’infection suite à une fistule (trou dans la paroi digestive au niveau des points de suture) à une infection bronchique ou à un abcès de paroi.
Par ailleurs des douleurs post opératoire, des vomissements, des phlébites sont possibles.
Les complications à long terme d’une chirurgie bariatrique
Des complications peuvent également apparaître à distance de l’opération. Un suivi postopératoire tout au long de la vie est indispensable lorsque l’on a subi une chirurgie bariatrique. Sur le plan chirurgical, un accompagnement s’impose pour détecter des complications telles que la sténose de l’anastomose ou des occlusions du grêle sur des adhérences post chirurgicales. Sur le plan digestif, la chirurgie bariatrique se complique parfois d’ulcère de l’estomac notamment à l’endroit de la suture, de reflux oesophagien ou de douleurs abdominales et nausées après les repas. Sur le plan nutritionnel, un suivi doit accompagner la chirurgie bariatrique pour éviter une reprise de poids, des carences alimentaires qui sont fréquentes et des troubles du comportement alimentaire.
Addictions, dépression et tentatives de suicide (qui représentent 3 % des complications) pourront être prévenus par un suivi psychologique. Des complications esthétiques liées à la perte de poids importante et rapide sont parfois mal vécues par les patients, comme le tablier abdominal et l’affaissement cutané des bras, des cuisses et de la poitrine.
Une réintervention chirurgicale peut être programmée en cas de survenue de complications.
Pour minimiser les risques, il est primordial de bien choisir l’établissement qui procèdera à la chirurgie bariatrique. Par ailleurs, comme pour toute opération, un deuxième avis auprès d’un chirurgien bariatrique expérimenté peut être utile. Il permet d’étudier, avant l’opération, la balance entre les bénéfices et les risques des différentes chirurgies bariatriques ou d’une obésité morbide non traitée.
Sources :
- ABCD chirurgie, Les complications : https://www.abcd-chirurgie.fr/patients/chirurgie-de-l-obesite/les-complications.html
- Inspection générale des Affaires sociales (IGAS), Situation de la chirurgie de l’obésité, janvier 2018 : https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2017-059R_Tome_I_.pdf
- Deuxiemeavis.fr, fiche maladie Chirurgie bariatrique, 2020 : https://www.deuxiemeavis.fr/pathologie/chirurgie-bariatrique
POUR ALLER PLUS LOIN :
Publication le 15/02/2021 par Marion Berthon
Mise à jour le 07/05/2025 par Maellie Vezien
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