Vous avez des acouphènes quand vous buvez de l’alcool ?

Vous souffrez de bourdonnements ou de sifflements d’oreilles sans raison apparente quand vous consommez de l’alcool ? Stress, fatigue, médicaments ototoxiques… les causes possible d'apparition des acouphènes sont multiples. Moins connu, l’alcool est pourtant un facteur aggravant de ces bruits fantômes que vous percevez dans vos oreilles ou dans votre tête.

Alcool et perte d’audition

Les effets délétères d’une consommation régulière ou excessive d’alcool sur le corps humain ne sont plus à prouver. Ce que l’on sait moins, c’est que l’alcool agit directement sur l’audition.

Une étude menée par des chercheurs allemands a démontré les effets négatifs d’une consommation régulière d’alcool sur la qualité du système auditif, et ce même chez les personnes ayant une faible consommation d’alcool. Cette baisse de l’audition s’explique par les dommages causés sur le cerveau par une consommation d’alcool à long terme.

Est-ce que l'alcool peut donner des acouphènes ?

Qu’ils soient continus ou intermittents, permanents ou temporaires, l’alcool peut aggraver la perception des acouphènes chez certains sujets sensibles.

L’alcool induit une vasodilatation qui pourrait modifier la perception auditive. Le flux sanguin de l’oreille interne est ainsi augmenté, ce qui peut exacerber les symptômes des acouphènes, et plus particulièrement des acouphènes objectifs ou pulsatiles.

Une étude britannique parue en 2018 dans la revue JAMA révèle par ailleurs que la consommation d’alcool augmente le risque d’acouphènes et de baisse de l’audition chez les sujets participant à des concerts sans bouchons d’oreilles. Ces résultats s’expliquent par le fait que l’alcool réduit le réflexe acoustique et désinhibe les participants qui sont à risque de rester à proximité des enceintes.

Comment faire pour ne plus avoir d'acouphène : le sevrage alcoolique

Si vous souffrez d’acouphènes, il est fortement recommandé de diminuer ou d’arrêter de consommer de l’alcool. Plus généralement, il est conseillé de bannir tous les excitants (alcool, thé, café, tabac).

Pour arrêter l’alcool, ne restez pas seul. Les professionnels de santé peuvent vous accompagner et vous prescrire un traitement médical pour éviter les complications d’un sevrage alcoolique (syndrome de sevrage de l’alcool mineur, hallucinose alcoolique, voire delirium tremens). 

Quelles solutions pour accompagner le sevrage alcoolique ?

Le sevrage alcoolique nécessite une prise en charge adaptée et un accompagnement professionnel. Voici les principales solutions :

1. Un accompagnement médical : une consultation avec un médecin ou un addictologue va permettre d'évaluer la dépendance. Des médicaments peuvent être prescrits pour réduire les symptômes de sevrage et l'envie de consommer.

2. Un soutien psychologique : des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et des groupes de soutien comme les Alcooliques Anonymes sont un soutien pour travailler sur les causes de la dépendance et prévenir les rechutes.

3. Un sevrage surveillé : vous pouvez choisir de l’effectuer sous surveillance ambulatoire, c’est-à-dire avec des consultations médicales, mais en rentrant dormir chez vous. Vous pouvez également être hospitalisé dans un centre de soins spécialisé pour une durée d’une semaine à trois mois.

4. Des approches complémentaires : sophrologie, hypnose et activité physique permettent de réduire le stress et renforcer la motivation.

5. Une révision de l'hygiène de vie : une alimentation équilibrée, des horaires réguliers et l’évitement des excitants (café, tabac) soutiennent la récupération.

S’entourer de professionnels et de proches est essentiel pour maximiser les chances de succès et éviter les complications.

L'arrêt de l'alcool peut-il en lui-même provoquer des acouphènes ?

L'arrêt de l'alcool en lui-même ne provoque pas directement des acouphènes, mais il peut temporairement les exacerber chez certaines personnes. Lors du sevrage alcoolique, le corps et le cerveau subissent une période d'adaptation marquée par des modifications dans la régulation des neurotransmetteurs, notamment le GABA et le glutamate. Ce déséquilibre temporaire peut amplifier la perception des acouphènes existants ou provoquer une hyperacousie transitoire.

Cependant, ces symptômes sont généralement temporaires et s'estompent à mesure que l'organisme s'habitue à l'absence d'alcool. 

Si vous consommez de l’alcool, un deuxième avis médical avec des ORL experts pourra vous aider à trouver la meilleure option thérapeutique pour soulager vos acouphènes.

Sources :

• Elisabeth Stephanie Smith, Herbert Riechelmann, Alcohol Clin Exp Res, Cumulative lifelong alcohol consumption alters auditory brainstem potentials, 2004 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15084909/

• Véronique J. C. Kraaijenga, MD ; J. J. C. M. van Munster, MD ; G. A. van Zanten, PhD, JAMA Otolaryngol Head Neck Surg., Association of Behavior With Noise-Induced Hearing Loss Among Attendees of an Outdoor Music Festival: A Secondary Analysis of a Randomized Clinical Trial, 2018 : https://jamanetwork.com/journals/jamaotolaryngology/fullarticle/2677777

• Alcool info service, Diminuer ou arrêter : le sevrage : https://www.alcool-info-service.fr/alcool/traitement-alcoolisme/sevrage-alcoolique

• Deuxiemeavis.fr, Acouphènes, 2021 :https://www.deuxiemeavis.fr/pathologie/acouphenes