Maladie de Vaquez
Qu'est-ce que la maladie de Vaquez ?
La maladie de Vaquez ou polyglobulie primitive ou polyglobulie de Vaquez fait partie des syndromes myéloprolifératifs, maladies du sang au cours desquelles certains types de cellules sanguines (essentiellement les globules rouges, mais aussi possiblement les globules blancs et/ou plaquettes) sont produits en excès, et s’accumulent de façon anormale dans le sang.
La maladie de Vaquez est une polyglobulie dite primitive car c’est la moelle osseuse qui est directement la source de la production excessive des globules rouges. On y oppose les polyglobulies dites secondaires au cours desquelles la fabrication des globules rouges se fait en réaction à une stimulation étrangère à la moelle osseuse (manque d’oxygène, présence excessive d’érythropoïétine - EPO).
La maladie de Vaquez est, dans la grande majorité des cas, liée à l’apparition d’une mutation dans le gène JAK2.
La maladie de Vaquez se caractérise principalement par une augmentation du nombre de globules rouges dans le sang (polyglobulie) qui peut également s'accompagner d'une élévation des plaquettes et des globules blancs.
Cette augmentation du nombre de globules rouges est à l'origine d'une hyperviscosité sanguine responsable des symptômes et des complications de la maladie de Vaquez.
C’est une maladie rare (10 cas chaque année pour 100 000 habitants soit environ 1000 nouveaux cas par an en France) qui survient généralement après 50 ans et concerne légèrement plus d’hommes que de femmes.
La maladie de Vaquez n’est ni héréditaire, ni contagieuse.
Quel est l'intérêt d'un deuxième avis pour la maladie de Vaquez ?
Pourquoi demander un deuxième avis pour la maladie de Vaquez ?
Dans le cadre de la maladie de Vaquez, un second avis est tout à fait pertinent dans la mesure où la maladie ne se soigne pas. Il faut donc apprendre à vivre avec et suivre un traitement au long cours. Dans ce contexte, il convient de très bien connaître sa maladie, de manière à appréhender correctement les contraintes de vie que cela suppose. D’autre part, des risques de complications sont à prévoir. Un deuxième avis vous permettra de mieux reconnaître les signaux d’alerte, d’adopter un mode de vie adapté et de participer activement aux choix thérapeutiques qui vous seront proposés.
Quelles sont les questions les plus fréquemment posées ?
- Quel est le traitement approprié à mon cas ?
- Pendant combien de temps et à quel rythme vais-je devoir pratiquer des saignées ?
- Les médicaments que je vais devoir prendre à vie ont-ils des effets secondaires ?
- Existe-t-il des essais cliniques ?
- Suis-je éligible ?
- Dois-je adopter un mode de vie particulier ?
- Comment savoir si la maladie évolue ?
- Quel suivi dois-je mettre en place et à quelle fréquence ?
Mais aussi toutes les autres questions spécifiques que vous vous posez.
Quel est le spécialiste de la maladie de Vaquez ?
La maladie de Vaquez doit être prise en charge par un hématologue, spécialiste des maladies du sang.
Quels sont les symptômes de la maladie de Vaquez ?
Les symptômes cliniques de la maladie de Vaquez sont peu spécifiques et inconstants.
Peuvent être ressentis des céphalées (maux de tête), une sensation d'étourdissement, des vertiges, des acouphènes (bourdonnement d'oreille), des troubles visuels, des paresthésies (fourmillements ou sensation anormale perçue au bout des doigts) ou un prurit aquagénique (démangeaison survenant au contact de l'eau chaude).
Vous ou votre médecin peuvent également constater une érythrose (coloration rouge permanente) cutanée, principalement au niveau du visage, des paumes et du lit des ongles, ou muqueuse et conjonctivale. Votre médecin peut également noter lors de son examen hypertension artérielle et une splénomégalie (augmentation du volume de la rate).
La maladie de Vaquez est ainsi le plus souvent diagnostiquée par hasard au cours d'un hémogramme (ou numération formule sanguine) réalisé en routine ou pour une autre raison. Cet examen permet d’étudier le nombre globules rouges, de plaquettes et de globules blancs, ainsi que leur répartition en différents types pour ces derniers.
Cet examen peut révéler la polyglobulie par une élévation anormale du nombre de globules rouges, du taux d'hémoglobine et surtout de l'hématocrite (rapport entre le nombre de globules rouges et le volume total de sang) au delà de 54 % pour les hommes et au-delà de 47 % pour les femmes.
La polyglobulie primitive peut évoluer lentement pendant plusieurs années mais si le diagnostic est tardif ou si la maladie n’est pas traitée elle peut entraîner de graves complications.
A court terme le risque principal est la thrombose, c’est-à-dire l’obstruction d’un vaisseau sanguin par la formation d’un caillot, artérielle ou veineuse. Selon le siège la thrombose peut être responsable d'accident vasculaire cérébral, de phlébite ou d'embolie pulmonaire, etc. Ces troubles sont d’autant plus à craindre que des facteurs de risque (tabac, diabète, hypertension artérielle, obésité, excès de cholestérol) sont présents.
L'hyperviscosité sanguine peut également entraîner des hémorragies, notamment muqueuses (saignement des gencives par exemple).
A plus long terme, la maladie de Vaquez, comme tous les syndromes myéloprolifératifs, peut évoluer vers la myélofibrose (dysfonction de la moelle osseuse l’empêchant de produire correctement les cellules sanguines du fait de son envahissement par du tissus fibreux) ou en leucémie aiguë. Ces complications sont rares et n'apparaissent généralement pas avant 10 à 20 ans d'évolution.
Comment diagnostiquer la maladie de Vaquez ?
La maladie de Vaquez est évoquée devant l'association des symptômes cliniques et biologiques.
Les premiers examens cliniques et biologiques visent avant tout à éliminer une fausse polyglobulie ou une polyglobulie d'une autre origine dite secondaire.
Dans ce but pourront être réalisés :
- une numération formule sanguine qui permet d'affirmer le diagnostic de polyglobulie.
- Une mesure isotopique de la masse globulaire qui permet d'affirmer le diagnostic de polyglobulie vraie et d'éliminer une fausse polyglobulie. Elle n'est pas systématiquement réalisée si la polyglobulie est franche.
- Une mesure de la taille de la rate par le médecin lui-même en consultation ou par échographie et une mesure de la saturation en oxygène du sang qui orientent vers le diagnostic de polyglobulie primitive et permettent d'éliminer une cause de polyglobulie secondaire.
Sont également prescrits, souvent dans le même temps, les examens permettant d'affirmer le diagnostic de maladie de Vaquez :
- Recherche d'une mutation du gène JAK 2 dans le sang.
- Dosage de l'EPO dans le sang qui doit être basse dans la maladie de Vaquez.
- Biopsie ostéo-médullaire (BOM) qui n'est pas systématique si le diagnostic a déjà été posé sur d'autres arguments.
D'autres examens peuvent également être demandés, notamment à titre pré-thérapeutique, en cas de doute diagnostique ou de suspicion d'une complication :
- Frottis sanguin à la recherche de cellules anormales.
- Bilan martial (Ferritine, Fer...).
- Vitesse de sédimentation, Protéine C-Réactive.
- Myélogramme.
Recherche d'un transcrit Bcr-Abl ou du chromosome Philadelphie en cas de doute avec une Leucémie Myéloïde Chronique.
Comment soigner la maladie de Vaquez ?
Le choix du traitement dépend :
- des symptômes de la maladie,
- de la rapidité de son évolution,
- de l'âge de la personne,
- de l'état de santé global de la personne,
- de l’hygiène de vie du patient et des facteurs de risques qu’il présente (tabac, diabète, hypertension artérielle, obésité, excès de cholestérol).
La prévention des thromboses est l’objectif majeur du traitement.
Cette prévention de thrombose va nécessiter:
1- de diminuer les nombre de globules rouges sanguins (avec l’objectif de normaliser l’hématocrite)
2- de fluidifier le sang.
1- la diminution du nombre de globules rouges afin de normaliser l’hématocrite:
Le premier moyen est la saignée (ou phlébotomie). Cela consiste à prélever entre 300 et 450 ml de sang (selon le poids et la taille du patient), de la même manière que l’on procède à un don du sang. En diminuant le volume sanguin, ces saignées agissent immédiatement sur le risque vasculaire. C’est donc une procédure qui est fréquemment mise en œuvre dès le diagnostic de la maladie afin de faire rapidement baisser l’hématocrite Au début, elles ont lieu 1 à 3 fois par semaine, puis elles peuvent etre espacées.
Mais elles favorisent également l’hyperplaquettose (l’augmentation du nombre de plaquettes) et peuvent difficilement être effectuées durant de longues années. Les saignées font baisser le taux de fer dans le sang, et c’est d’ailleurs le but recherché pour diminuer la fabrication des globules rouges.
Ainsi, afin de ne plus avoir besoin de saignées, un traitement cytoréducteur (c'est-à-dire permettant de casser les globules rouges en excès) peut être proposé. L’Hydrea est le cytoréducteur le plus employé dans cette optique mais il existe des alternatives thérapeutiques permettant de s’adapter aux caractéristiques et à la tolérance de chaque patient.
2- la fluidification du sang:
C’est le deuxième moyen permettant de lutter contre le risque de thrombose.
Ce type de traitement doit être débuté dès le diagnostic de la maladie et sera poursuivi au long cours en association avec le traitement cytoréducteur.
De l’aspirine faible dose (type Kardégic) est le plus souvent utilisé mais des alternatives adaptées aux caractéristiques de chaque patient existent.
Mise à jour le 06/12/2023 Revue par le Docteur Lauris Gastaud
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