
Stomie digestive
Revue par le Pr Zaher Lakkis, Chirurgien viscéral et digestif
Mise à jour le 10/06/2025
Qu'est-ce que la stomie digestive ?
Une stomie est le fait de suturer de la paroi intestinale à la peau afin de permettre une sortie des matières fécales à cet endroit.
L’iléon est la partie terminale de l’intestin grêle, avant que le bol alimentaire arrive dans le côlon. Le côlon est l’organe dans lequel se forment les selles : il est divisé en côlon ascendant à droite, côlon transverse, qui relie le côlon droit au côlon gauche, côlon descendant, à gauche, et le côlon sigmoïde. Ensuite, le rectum relie le côlon sigmoïde au sphincter anal.
Du fait que l’intestin grêle et le côlon sont composés de muqueuses, une stomie est rouge mais aussi insensible et indolore. Une poche en plastique extérieure sera collée sur la peau autour de la stomie pour recueillir les selles.
Il existe deux types principaux de stomies digestives : l’iléostomie et la colostomie.
L’iléostomie correspond à l’iléon rattaché à la peau alors que la colostomie correspond à un endroit du côlon rattaché à la peau.
Une stomie peut être transitoire ou définitive.
En France, 80 000 personnes ont bénéficié d’une intervention avec réalisation d’une stomie digestive. Les patients parviennent dans la majorité des cas à être autonomes pour les soins hygiéniques qu’elle nécessite.
Quel est l'intérêt d'un deuxième avis pour une stomie digestive ?
Pourquoi demander un deuxième avis pour une stomie digestive ?
La stomie est une intervention qui a des conséquences sur la vie du patient. Ainsi, pour limiter le potentiel retentissement sur la qualité de vie, un deuxième avis peut s’avérer nécessaire afin de s’assurer de l’indication.
De plus, un deuxième avis peut s’avérer nécessaire pour savoir quel type d’intervention de stomie pratiquer. En effet, le spécialiste du deuxième avis peut conseiller le patient et l’informer d’une probabilité de rétablissement de continuité ou pas.
Enfin, un deuxième avis peut être intéressant afin de conseiller le patient en postopératoire pour limiter au maximum les complications. Il peut ainsi préconiser certaines recommandations concernant le régime alimentaire ou s’assurer que le patient réalise les soins de la stomie correctement.
Quelles sont les questions les plus fréquemment posées ?
- Est-ce que mon côlon peut encore recevoir des selles si j’ai une colostomie terminale ?
- Les selles dans la stomie sont-elles identiques à celles excrétées par mon anus ?
- Comment limiter les odeurs dans la stomie ?
- Ma stomie est-elle temporaire ?
- Puis-je me doucher/baigner avec ma stomie ?
- À quelle fréquence dois-je changer les poches attachées à ma stomie ?
- Est ce que l’intervention est douloureuse ?
- Quel est l’intérêt thérapeutique d’une stomie ?
- Comment être sûr de l’indication de ma stomie ?
Mais aussi toutes les questions spécifiques que vous vous posez.
Quels sont les spécialistes de la stomie digestive ?
Les spécialistes à consulter pour réaliser une stomie sont les chirurgiens digestifs.
Quelles sont les maladies éligibles à la stomie digestive ?
Plusieurs maladies peuvent nécessiter la pose d’une stomie dans le cadre de leur prise en charge.
Tout d’abord, les cancers du côlon ou du rectum peuvent nécessiter la pose d’une stomie. Ensuite, certains cas de prise en charge des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (= inflammation chronique de l’intestin), de polypose adénomateuse familiale (= maladie génétique qui entraîne la formation d’un très grand nombre de polypes dans le côlon), d’obstacle intraluminal dans l’intestin, de lésions ou anomalies congénitales intestinales ou de diverticulite (= infection d’un ou plusieurs diverticules du côlon sigmoïde), si elle nécessite un traitement chirurgical, peuvent être des indications à la pose d’une stomie.
Comment se passe une stomie digestive ?
Avant l’intervention, il est souvent demandé au patient de réaliser plusieurs examens complémentaires comme un électrocardiogramme (= examen non invasif qui permet d’enregistrer l’activité électrique du cœur), et un bilan sanguin afin d’évaluer l’état général du patient.
Il est aussi parfois prescrit au patient de vider ses intestins préalablement. Ainsi, le patient doit suivre un régime sans résidus dans les 5 jours qui précèdent l’intervention. De plus, il prend un laxatif un ou deux jours avant l’opération. Une alternative aux laxatifs est de réaliser des lavements à l’hôpital qui ont pour objectif de nettoyer et de vider l’appareil digestif. Des antibiotiques peuvent être prescrits en préopératoire afin de limiter le risque infectieux.
Avant l’intervention, le chirurgien ou l’infirmière spécialisée (stomathérapeute) marquent au stylo l’emplacement de la stomie afin de s’assurer que son emplacement ne procure pas de gêne pour le patient. Il faut éviter un pli de la peau ou une partie du ventre non visible par le patient. L’infirmière stomathérapeute est la personne ressource essentielle pour un patient qui va être porteur d’une stomie. En effet, elle va aider le patient à trouver la poche la plus adaptée au patient en termes de forme, de taille, etc.
L’intervention a lieu sous anesthésie générale.
Il existe deux voies d’abord : la laparoscopie et la laparotomie.
La voie laparoscopique est une technique qui nécessite une caméra, un endoscope (= instrument qui permet de voir les cavités profondes du corps en les éclairant) et des instruments qui s’insèrent dans la paroi abdominale par le biais de petites incisions. À l’aide d’insufflation de dioxyde de carbone qui permet de voir et d’accéder à la cavité abdominale, le chirurgien peut ainsi réaliser son intervention de manière moins invasive.
La laparotomie, elle, est une voie d’abord qui consiste à ouvrir le ventre directement pour ensuite accéder à l’intestin. La technique la plus utilisée pour réaliser une stomie est la voie laparoscopique.
Si la pathologie causale a des conséquences sur l’état de l’intestin (= cancer, nécrose, fistule), il peut être nécessaire de commencer l’intervention par une résection de la partie endommagée de l’intestin.
Il existe différents types de stomies et les techniques chirurgicales varient en fonction.
Dans le cas d’une stomie dite “terminale”, une partie de l’iléon ou du côlon est reliée à la peau à un endroit appelé stomie terminale. Celle-ci est souvent réalisée au niveau du côlon sigmoïde si c’est une colostomie, et au niveau de l’iléon si c’est une iléostomie. Le reste de l’iléon ou du côlon en aval de la stomie peut être retiré.
Dans le cadre d’une intervention de Hartmann, le chirurgien résèque le côlon ou l’iléon en aval de la stomie. Cependant, il conserve une partie du rectum nommée moignon rectal dont l’extrémité est fermée à l’aide d’agrafes ou de points de suture. Dans ce cas, le rectum perd son rôle fonctionnel. Il peut cependant produire du mucus qui sort par l’anus. Ce type de stomie appelée “stomie terminale avec moignon rectal” peut être temporaire et il est possible que dans un deuxième temps que l’intestin ou le côlon soit rattaché au rectum et la stomie refermée.
Il est aussi possible de réaliser une stomie dans une intervention appelée colostomie terminale ou colostomie en canon de fusil. Elle est réalisée dans les cas de figure où un segment du côlon transverse est retiré mais que le côlon sigmoïde, le rectum et l’anus sont intacts. Ici, le chirurgien pose deux stomies appelées stomies terminales, de part et d’autre du segment du côlon retiré. La stomie à droite du segment retiré est fonctionnelle car elle recueille les selles. La deuxième stomie, à gauche, ne recueille pas les selles mais expulse le mucus.
La colostomie ou iléostomie latérale a pour fonction de recueillir et de décharger les selles avant que celles-ci atteignent la partie de l’intestin ou du côlon atteinte. Elles sont souvent temporaires et sont retirées une fois que la pathologie intestinale ou colique est guérie. Pour obtenir ce type de stomie, le chirurgien incise partiellement l’intestin ou le côlon, formant ainsi la stomie. Une tige en plastique peut être placée sous la stomie afin de maintenir l’ouverture et la position de celle-ci. Les selles et le mucus sont évacués majoritairement par la stomie mais il est possible qu’une partie soit évacuée par l’anus.
Pour réaliser toutes ces stomies, le chirurgien fixe la partie de l’iléon ou du côlon à la peau en réalisant des points de suture.
Quel est le suivi ?
Après la chirurgie, le patient reste à l’hôpital le temps de quelques jours.
Du point de vue alimentaire, le patient peut se nourrir de liquides clairs pendant 1 ou 2 jours avant que la nourriture soit à nouveau introduite progressivement.
Il est nécessaire de porter un sac sur la stomie en continu car le patient n’a pas de contrôle sur le moment où les selles sortent.
Lors de l’hospitalisation, une infirmière spécialisée en stomies, appelée stomathérapeute, apprend au patient comment réaliser les soins en lien avec celle-ci comme par exemple prendre sa douche, changer les bandages ou les pansements...
Il est possible de maintenir le même régime alimentaire qu’avant l’intervention. Cependant, il arrive que les gaz dans la stomie gênent le patient. Pour mieux les contrôler, il est conseillé de manger à heures régulières et en mâchant doucement. Il est aussi possible de limiter les aliments particulièrement pourvoyeurs de gaz comme les haricots, les pois secs, le brocoli, le chou, le fromage. Il est aussi recommandé de limiter les boissons gazeuses.
Il est possible que le patient trouve sa stomie odorante. Dans ce cas, il est proposé de limiter les aliments particulièrement odorants comme l’oignon, le chou, l’ail, le poisson, les œufs et les aliments frits. Afin de neutraliser les odeurs, certains aliments peuvent être privilégiés comme le yaourt, le babeurre et le persil.
Quels sont les bénéfices et les risques d'une stomie digestive ?
Quels sont les bénéfices d'une stomie digestive ?
La stomie apporte de nombreux bénéfices au patient.
Tout d’abord, lorsqu’elle est temporaire, la stomie permet aux parties de l’intestin qui ont été opérées de pouvoir cicatriser sans être au contact de matières fécales. Cela permet d’éviter les infections et d’accélérer le processus de cicatrisation.
De plus, lorsque les stomies sont permanentes elles permettent l’évacuation des matières fécales et gazeuses, ce qui est nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme.
Quels sont les risques d'une stomie digestive ?
La pose de stomie peut exposer à certaines complications.
Tout d’abord le patient peut ressentir de la douleur.
Ensuite, il est possible qu’en post opératoire il y ait des saignements, des infections, des caillots sanguins, la formation d’une hernie intestinale (= tumeur molle causée par la sortie totale ou partielle d’un organe de sa cavité naturelle) autour de la stomie à cause de la fragilité de la paroi abdominale autour, ou que la stomie se détache et tombe dans la cavité abdominale.
Il est aussi possible qu’il y ait un prolapsus (= l’intestin ou le côlon qui sort de manière trop importante de la stomie) ou un tableau d’occlusion intestinale (= blocage complet ou partiel de l’intestin grêle ou du côlon qui empêche le passage de la nourriture, des liquides, des gaz ou des selles).
L’occlusion intestinale est plus fréquente pour une iléostomie que pour une colostomie. Dans ces cas, l’obstacle est le plus souvent d’origine alimentaire. Le phénomène d’occlusion est dû au fait que le diamètre de la paroi diminue à proximité de la stomie. Pour pallier à cette complication, il est conseillé au patient de boire davantage de liquides ainsi que de limiter certains aliments qui sont connus pour abimer ou endommager la stomie: maïs soufflé, noix, noix de coco, céleri, pommes, graines, framboises, fraises, tomates…
Enfin, la stomie peut se compliquer d’une déshydratation, de fuites ou alors endommager les organes à proximité.
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Pr Zaher Lakkis
Chirurgien viscéral et digestif
CHU Besançon - Hopital Jean Minjoz
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