Gynécologie, urologie
Vous êtes atteint d’une maladie urologique ? Les associations de patients sont là pour vous aiderPar Marion Berthon le 06/12/2021
La greffe de rein consiste à transplanter le rein d’une proche ou d’une personne en mort cérébrale à un patient en insuffisance rénale terminale. Ceci n’est possible que grâce à un traitement anti-rejet. Les complications sont liées à l’acte chirurgical lui-même ou au traitement finalement insuffisant (rejet) soit excessif (toxicité des médicaments, infections, cancer…).
Il existe tout d’abord des complications de l’opération en elle-même : hémorragie, infection, sténoses ou thromboses des vaisseaux, fuites urinaires.
Passée la chirurgie, une des principales complications de la greffe est immunologique : le rejet du greffon. Il existe différents types de rejets : les rejets aigus ou chroniques, les rejets symptomatiques ou asymptomatiques. On tente de prévenir ces rejets par des traitements qu’on appelle des immunosuppresseurs qui sont à poursuivre à vie. Cependant, ces traitements sont aussi une source de complications, notamment infectieuses et tumorales.
Les complications infectieuses sont extrêmement fréquentes puisque 80 % des transplantés feront une infection dans l’année suivant la greffe. Les agents infectieux les plus fréquents sont le CMV (cytomégalovirus), le virus BK et les bactéries à l’origine d’infections urinaires ou pulmonaires.
Les complications néoplasiques sont plus fréquentes chez les patients transplantés que dans la population générale. Les cancers les plus fréquents dans ce cadre précis sont les cancers de la peau ainsi que certains lymphomes.
Le traitement immunosuppresseur est aussi source de complications métaboliques et cardiovasculaires entraînant un sur-risque de diabète, d’hypertension artérielle et de dyslipidémies (cholestérol notamment).
Les complications digestives de ces traitements sont aussi très fréquentes et se présentent sous la forme d’une diarrhée.
Il est important de noter que malgré ces différentes complications, la greffe rénale reste le traitement qui donne le meilleur rapport bénéfice/risque pour les patients insuffisants rénaux chroniques tant en termes de qualité que de quantité de vie.
Les complications de la greffe rénale sont très polymorphes et complexes à prendre en charge. Un deuxième avis est donc précieux pour anticiper et prendre en charge les différentes complications possibles après une greffe puisque la greffe est un traitement qui est relativement lourd et qui doit être correctement encadré. Un deuxième avis en cas de greffe de rein permet en effet de comprendre le mécanisme de survenue des complications possibles : cela permet l’éducation thérapeutique qui a prouvé son efficacité pour limiter la gravité des complications lors de pathologies chroniques. Grâce à un deuxième avis, il vous sera aussi possible de reconnaître les signaux d’alerte typiques des complications d’une greffe pour pouvoir agir le plus précocement possible, par exemple suspecter une infection en cas de fièvre et se diriger vers son médecin rapidement.
Un spécialiste pourra également vous présenter les options possibles pour traiter vos complications et limiter leur impact sur votre qualité de vie. Enfin, un deuxième avis peut vous aider à mettre en place un suivi pour limiter les complications post-greffe et vous garantir davantage de confort.
Mais aussi toutes les questions spécifiques que vous vous posez.
Les complications des greffes rénales nécessitent très souvent une prise en charge multidisciplinaire qui associe plusieurs spécialistes. L’urologue, le néphrologue, les infectiologues, les dermatologues ou encore les oncologues font partie des différents spécialistes qui peuvent être consultés selon la complication en cause.
Lors d’un rejet aigu ou chronique d’un greffon rénal, plusieurs symptômes peuvent être présents :
Un rejet peut aussi être asymptomatique et il sera suspecté devant une perturbation des examens biologiques de surveillance ou sur une anomalie d’une biopsie rénale (c’est-à-dire un prélèvement du rein greffé) de surveillance.
Les pathologies infectieuses se manifestent différemment en fonction de l’agent causal et du type d’infection. Cependant, les symptômes sont généralement beaucoup moins marqués que dans la population générale. Le symptôme principal reste la fièvre et d’autres symptômes pourront être présents en fonction de la localisation de l’infection par exemple la présence d’une toux et de difficultés respiratoires fera suspecter une infection pulmonaire.
Les autres complications ne sont pas obligatoirement symptomatiques et nécessitent dans ce cas un dépistage systématique par des bilans biologiques réalisés régulièrement. C’est le cas par exemple des complications métaboliques comme l’hypertension artérielle ou l’hypercholestérolémie.
Les complications néoplasiques peuvent se présenter sous la forme d’une altération de l’état général avec un amaigrissement, une perte de poids et une grande fatigue. Les lymphomes peuvent aussi se révéler par des sueurs nocturnes et une fièvre.
En ce qui concerne le rejet de la greffe, le diagnostic sera posé sur des critères biologiques de défaillance rénale avec une augmentation de la créatininémie (marqueur de défaillance rénale que l’on mesure lors de prises de sang) et sur une biopsie rénale. Cette biopsie rénale sera effectuée sous anesthésie et la biopsie sera ensuite envoyée au laboratoire afin de l’analyser. Le diagnostic d’une pathologie infectieuse chez un patient greffé rénal, et donc chez un patient immunodéprimé par le traitement, est assez difficile et nécessite beaucoup de précautions. Un ensemble d’examens complémentaires seront nécessaires : prise de sang avec recherche d’un agent infectieux c’est ce qu’on appelle une hémoculture, analyse des urines, radiographie pulmonaire ainsi que d’éventuels examens complémentaires plus spécialisés.
Les complications métaboliques et cardiovasculaires seront systématiquement dépistées soit cliniquement par exemple via la mesure de la pression artérielle, soit par des prises de sang avec un dosage du cholestérol et de la glycémie sanguine pour le diabète.
Les pathologies néoplasiques se diagnostiquent généralement à l’aide d’une imagerie comme un scanner ou une IRM (imagerie par résonance magnétique) ainsi qu’avec une biopsie de la tumeur ce qui permettra de faire le diagnostic de certitude après son analyse dans un laboratoire d’anatomopathologie.
Pour les rejets de greffe, le traitement repose sur des médicaments immunosuppresseurs. En cas de rejet de greffe, des corticoïdes peuvent aussi être associés aux immunosuppresseurs. Quand ces traitements ne suffisent pas, une épuration extra-rénale, c'est-à-dire une dialyse, doit être reprise ou commencée. En ce qui concerne les complications infectieuses, le traitement repose dans un premier temps sur un traitement préventif lors de la mise en place du traitement immunosuppresseur. Ce traitement préventif repose sur des antibiotiques, des antifongiques voire des antiviraux.
Le traitement curatif d’une infection déclarée repose sur ces mêmes traitements à des doses souvent supérieures. Les complications métaboliques comme l’hypertension artérielle, l'hypercholestérolémie ou encore le diabète sont prises en charge par des traitements médicamenteux : des anti-hypertenseurs, des hypolipémiants comme les statines et, concernant le diabète, des antidiabétiques oraux ou de l’insuline en fonction des cas.
Les cancers de la peau qui sont les cancers les plus fréquents chez les greffés seront traités le plus souvent par une exérèse chirurgicale de la tumeur. Pour les autres complications néoplasiques les traitements varient en fonction du type de tumeur et de son degré d'envahissement de l'exérèse chirurgicale jusqu’à la chimiothérapie.
Mise à jour le 08/12/2021 Revue par le Professeur Alexandre Hertig
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